Nul ne peut ignorer l’existence d’une politique
ethnique, tribale et clanique à caractère « alimentaire » et encore moins la
pratique d’une injustice sans borne sur l’ensemble du territoire.
Pour autant, cette politique nourrit une
proportion plus ou moins importante de chaque ethnie, tribu ou clan à travers
des individus véreux les representant.
S’il est plus que nécessaire d’apporter des
corrections aux injustices faites à des innocents et aider les victimes de ce
système à se réinsérer dans la société
en tant qu’individu, il est inopportun voire désastreux de s’engager
dans une politique de « rééquilibrage » ethnique, tribale ou clanique. Ce n'est pas
en étant très mal agité qu'on a une
chance de se sortir d'un sable mouvant.
L’idée même de réintroduire dans le débat
démocratique cette notion de
« rééquilibrage ethnique » est dangereuse pour la nation
post-ethnique, tribale et clanique que les djiboutiens et djiboutiennes appellent
de leur vœux !
Peut-on combattre l’ethnisme, le tribalisme et
le clanisme, en prônant et en adoptant
leurs codes et leurs valeurs ?
Accepter le « rééquilibrage ethnique »
reviendrait à accepter que le pays soit régi par des lois et des règlements à
caractère ethnique, tribale et clanique.
Nul doute que pour chaque extrémiste (individu
faible, incapable d’opérer au-delà de son cercle le plus proche dans le sens
familial du terme pour aller vers les autres), son ethnie, sa tribu ou son clan
est les plus nombreux, le plus intelligent et le plus beaux ! J’exagère à
peine !
Si, par malheur, nous acceptons que notre pays
soit régi par des codes et des valeurs ethniques ou tribaux, pouvons-nous
régler pour autant le problème de vivre
ensemble et d’injustice ou au contraire aggraver les méfaits actuels ?
Contrairement aux croyances, l’ethnique, la
tribu ou le clan ne sont pas des ensembles ou des structures compactes
immuables. Il s’agit des ensembles régis par des alliances d’intérêts ou
d’ennemis en commun qui peuvent se faire et se défaire en fonction des
circonstances. Donc, un pays ou une nation ne peut raisonnablement poser ses fondations sur une structure
instable. Il faudra comprendre que toute répartition à caractère ethnique,
tribale ou clanique est source des
futurs conflits. Le problème d’une répartition
ethnique, tribale et clanique est son degré de granularité dans
lequel il faudra s’arrêter ! Existe- t-il une limite dans l'infiniment
petit ou grand ? Ben non !
Toute répartition repose sur le poids de la
démographie. Et, à moins d’être naïf ou complètement inconscient, il est plus
que probable que chaque clan, chaque tribu, chaque ethnique dira qu’il est le
plus nombreux en absence des recensements indépendants et viables! Donc, à moins de compter les cailloux et les
arbres, les répartitions des sièges administratives des régions se font
généralement en fonction des humains qui vivent dans un endroit donné.
A Djibouti, tant qu’on n’a pas créé une
institution démographique indépendante du pouvoir administrative, tout
recensement sera à sujet de suspicion. Il faudra également utiliser les
statistiques pour définir le poids d’individus vivant dans une région et non
faire des statistiques et des recensements à caractère : ethniques, tribales
et claniques.
Les statistiques oui,
mais quel genre des statistiques ?
Pour l’intérêt de cet article, voici une petite
recherche sur le net pour mettre en lumière l’absurdité de ceux qui nous
sortent des statistiques à caractère ethnique ou tribales à tout bout de champ,
la proportion des principaux groupes ethniques, tribaux !
Selon les sources et les
estimations, la répartition de la population en catégories linguistiques
diffère fortement. Les résultats détaillés du «2e recensement général de la
population et de l'habitat» de 2009, qui comprenait une question sur le «groupe
ethnico-culturel» d'appartenance, n'ont pas été publiés.
Pour le CIA Factbook, elle se divise en
60% de Somalis , 35% d'Afars et 5% d'autres6.
Selon une étude publiée en
2003, on aurait 33.4% d'Issas, 20% d'Afars, 15% de Gadaboursis, 13,3% d'Issaqs,
8,3% d'autres Djiboutiens, 6% d'Arabes et 4% d'Européens7. Dans
le même journal, une autre étude parle de 50% d'Issas, 37% d'Afars, 8% d'Arabes
et 3% d'Européens8.
Pour l'Encyclopedia
Britannica (2009), on aurait
46% de Somalis, 35,4% d'Afars, 11% d'Arabes, 3% de «mixed African and
European», 1,6% de Français et 3% d'autres.
Enfin, selon le site Ethnologue, en 2006 on aurait
297 000 locuteurs du somali (répartis en trois «clans» : issa, gadaboursi,
issaq), 99 200 de l'afar, 36 000 arabophones et 10 200 francophones9.
Et, comme vous pouvez constater la
viabilité de ces statistiques est
saisissante :
Avec ces chiffres-là, on peut dire tout et son
contraire ! Et surtout n’importe quoi !
L’autre point que les prophètes de retour en
arrière ou les politiciens véreux oublient : est que ces chiffres
représentent des hommes et des femmes doués de minimum d’intelligence capables
de choisir le meilleur en fonction de leur attente et non de qui « il
est » ! Autrement dit, ce n’est pas parce que vous appartenez à un
petit clan, une petite tribu ou une petite ethnie que vous n’avez pas de chance
d’être élu si vous êtes le meilleur !
Peut-on
inclure le concept de «
rééquilibrage ethnique » dans le processus permettant de corriger les
injustices commis par ce régime (gouled/guelleh) ou ceux du passé sous l’ère
colonial ?
Avant de
répondre à cette question, posons-nous, cette autre question, peut-on mettre
sur le même pied d’égalité sous prétexte d'appartenance ethnique, tribale ou
clanique, les victimes et les nantis ?
A moins d’ajouter l’injustice à l’ignominie, il
serait inconcevable de catégoriser les victimes en fonction de leurs
appartenances ethniques, tribales ou claniques. Il serait également, dangereux
que certains nantis du système soient protégés pour leurs appartenances et
que certaines victimes portent le poids
de culpabilité à cause de leur appartenance.
En matière de justice, chaque individu est
responsable de ses actes et doit
répondre que de ses actes devant la justice. Nul ne peut être protégé ou
incriminer selon son appartenance à un groupe ethnique, tribal ou
clanique !
La responsabilité, parle s’en ! Concept
abstrait et malléable à Djibouti, mais voici ce que disait zun
tzu en répondant (dans « l’art de la guerre ») au roi de Wu, lorsque celui-ci voulait
épargner ses deux courtisanes que zun tzu voulait exécuter : « votre serviteur
a déjà reçu de vous l’investiture du commandant en chef ; or, lorsque le
commandant est à la tête de l’armée, il n’est pas tenu d’accepter tous les
ordres du souverain.»
Une manière de dire lorsqu’on vous êtes aux
responsabilités quel que soit votre degrés des responsabilités, il faut assumer
vos responsabilités et ne pas se cacher derrière les ordres des supérieurs.
A Djibouti, à entendre certains, personne n’est
responsable de quoique çà soit. C’est toujours la faute à l’autre, celui qui
n’est pas de notre famille (ethnie, tribale ou clanique). On se tortille à
trouver des circonstances atténuantes aux « nôtres » pour les disculper.
Encore mieux, on essaie de les défendre en traitant ceux qui les critiquent des
« tribalistes » en essayant de mettre en doute leurs
critiques auprès de l’opinion publique ! Certains essaient même de
privatiser les critiques : « tu peux critiquer ta famille (ethnique,
tribale ou clanique), mais pas la nôtre ». Ainsi ma modeste question sur: « un dictateur AFAR, serait-il
mieux qu’un dictateur ISSA? » a provoqué un tel remous que j’ai décidé
d’approfondir la question et d’apporter quelques faits historiques.
J’ai vu pulluler ces derniers temps sur les
réseaux sociaux des appels pour une alternance
ethnique (car ce mot ethnique a tout
son importance chez certains extrémistes
qu’il faut le mentionner ainsi), en
lieu et place une alternance démocratique.
Sinon pour la petite histoire, d’après des anthropologues de renommés
mondiales, il existe un seul groupe ethnique dans la corne d’Afrique le kouchite. En outre, au sein de la
communauté d’anthropologues, la notion d’ethnie ne fait pas l’unanimité. Donc, l’afar est une langue, comme le
somali et non des ethnies !
Pour revenir à ces appels qui sont au mieux
l’œuvre des inconscients et au pire une manœuvre dangereuse des prophètes de
retour en arrière. Ses impacts seront mortels pour la société djiboutienne.
Certains souhaitent instaurer un endoctrinement idéologique néfaste qui aura pour Object de créer de différents niveaux de citoyens. Il
faut savoir que même si la plupart de la jeunesse djiboutienne est convaincue
qu’il faut aller vers la démocratie sans référence ethnique ou tribale, une
franche non-négligeable pourrait être séduite par ces genres d’appels ou
discours haineux car elle a vécu 38 ans d’une dictature dirigée par des issas.
Et, elle associe presque la dictature aux issas ou somalie car elle n’a jamais
vu un afar aux affaires !
Pour démystifier ce genre d’endoctrinement,
faisons appel à l’histoire d’aujourd’hui sous le régime (Gouled/Guelleh) ou
celui d’hier sous l’ère colonial avec le
régime d’Ali Aref Bourhan (PCG : pacha Charlie Gaulle).
Si les méfaits du régime (Gouled/Guelleh) sont
visibles à l’œil nul, celui d’Ali Areh Bourhan semble échapper à la mémoire de
la jeunesse djiboutienne dans leur ensemble. Faut-il pourtant oublier
l’histoire afin d’appréhender sereinement l’avenir ?
Pour
l’intérêt de la question que j’avais posé et le débat que çà a suscité, je
voudrai verser quelques éléments dans le débat pour que chacun comprenne de
quoi en parle. Si certains souhaitent réécrire l’histoire au point d’idéaliser
presque une dictature afar qui ne serait à mon avis, tout point identique à
l’actuelle dictature « issa » sinon pire. Voici ce que disait jacques
Foccart, (amis et mentor des dictateurs africains, et justement ami personnel
d’Ali Aref Bourhan) , dans
Jacques Foccart : une vision africaine sur un échange qu’il a
eu avec le sénateur Kamil (il s’agit de Mohamed Kamil) : le sénateur Kamil
m’a dit textuellement : « A
tout prendre. Monsieur Foccart, je préfère être pendu par les somaliens que de
vivre sous la tyrannie d’Aref et de Tirant (le préfet de
Djibouti) ». Dans le même récit,
foccart poursuit et dit sur Mr Aref, il est perçu comme un « petit tyran » à Djibouti. Ali Aref a régné pendant 10 ans à djibouti.
Pendant ces dix ans, il y a eu des tueries et
des massacres sur la population djiboutienne, comme les 38 ans
« d’indépendances » sous l’ère Gouled/Guelleh.
Donc, en
matière de dictature l’afar aref n’a rien à envier aux issas gouled ou Guelleh
et vice-versa ! Cela est une réalité !
Je pense que c’est le devoir des intellectuels
du pays en dehors des cercles extrémistes, est d’éclairer les zones d’ombres de
notre histoire, pour éviter d’induire en erreur nos jeunes !
Si l’appartenance d’une ethnique ou une tribu
pouvait donner bonté, sagesse et responsabilité, ce pays a été dirigé par des
afars, des issas et d’autres!
Alors, avons-nous vu des différences en fonction
de leur appartenance ?
Nous avons eu plutôt une similitude en matière
de tyrannie !
Et, jusqu’à présent, nous avons connu des
massacres et des horreurs sous étiquette ethnique, tribale ou clanique!
Evidemment, les extrémistes font minimiser les
horreurs de leur tyran et accentuer les faits de l’autre côté. Classique chez le faible mental qu'est l'
« immature » tribaliste chez nous.
Par contre, les extrémistes sont d’accord sur le
fait qu’il faut éviter la démocratie à Djibouti. Leur crainte est qu’elle
libère le citoyen djiboutien à prendre son destin en main en tant
qu’individu et non plus comme un nécessiteux qui a besoin de protection soit
d’un camp ou d’un autre !
Les uns vont vous expliquer qu’on n’est pas assez « mûr » pour
intégrer la démocratie dans notre mode de vie sous-entendu, qu’on doit garder
la dictature actuelle car d’après eux çà
garantit la cohésion sociale ! Il
faut être aveugle pour les croire, mais il y a des adeptes !
Et, les autres qui sont des alliés
« objectifs » de la dictature actuelle, prônent une alternance
ethnique ou tribale en lieu et place d’une alternance démocratique. Ils
justifient même leur approche en indiquant que la démocratie « un homme,
une voix » est faite pour le monde occidental, comme si chez nous, il faut
compter les cailloux ou les arbres ! A quoi que nous pourrions peut être
faire voter nos dromadaires aussi Messieurs !
Il faut comprendre que ces deux camps ont tout
simplement peur de la démocratie car elle rendra certainement le pouvoir au
peuple et c'est cela que les ces groupes ne peuvent concevoir : les uns
veulent le garder et les autres veulent le prendre (ou le reprendre plus exactement)
!
En outre, il faut savoir qu’à Djibouti,
pouvoir veut dire nourriture dans
l’esprit de certains d’où la bataille de ces deux groupes contre la
démocratie !
Alors, pour faire échec à ces deux
groupes : comment peut-on créer une nation post-ethnique, tribale et
clanique sans valider les méfaits du régime actuel, ni retourner à celui de
l’ère coloniale ?
Pour
répondre à cette question, essayons de voir comment d’autres nations ont abordés ces questions ethniques ou
tribales et la démocratie.
Deux exemples me viennent à l’esprit : le
Ghana et le Rwanda.
Le Ghana l’exemple type que la démocratie est
compatible à l’Afrique et qu’avec la
démocratie, il y a le développement. Pourtant, le Ghana est peuplé des
différents ethniques et tribaux.
Alors c’est quoi la singularité du Ghana ?
-
Une
alternance régulière soit au niveau de l’exécutif, soit au niveau du parlement
(on parle ici d’opposition et gouvernement : non ethnique ou tribale comme
certains préconisent chez nous à Djibouti) ;
-
Un
débat politique caractérisé par un débat d’idées et non vicié par le
régionalisme, l’ethnocentrisme, la religion, le népotisme entre autres ;
-
La
neutralité de l’armée ;
-
Le
renouvellement de la classe dirigeante, des élites ;
-
L’absence
des violences post-électorales ;
-
Un
système éducatif performant avec des lycées qui, pour certains, datent de
1850 ;
-
L’égalité
de traitement des candidats dans les médias ;
-
La
courtoisie dans les débats contradictoires.
La question qu’on a le droit de se poser
est : comment le Ghana est arrivé à une telle sérénité au niveau de sa
démocratie ?
Même si je n’aime pas le terme, Ghana a eu la
chance d’avoir un homme providentiel Mr Jerry Rawlings. Mr Rawlings a construit des institutions
viables, former une nation avec la suppression toutes références ethniques ou
tribales dans l’état civil pour éviter toutes discriminations, à presque
supprimer la corruption au sein de l’administration et à former une élite
performante.
Pour le Rwanda, pays meurtrie par le problème
ethnique ou tribal :
Depuis, l’arrivée au pouvoir du FPR de paul
Kagame, le pays semble suivre l’exemple de Ghana. Les tutsis n’ont pas cherché
« à rééquilibrer » par rapport aux hutus, leur 800000 morts
massacrés, ni gonflés leur rangs pour rééquilibrer la démographique par rapport
aux hutus, ni créer des rwandais de second zone au sein de hutus! Non,
ils ont décidé de supprimer eux-aussi
toutes références tribales, ethniques dans leur état civil pour constituer une
seule nation et un seul peuple!
Alors, faut-il suivre les appels des
« prophètes de retour en arrière », ou forger une nation unie et
démocratique comme le Ghana ou le Rwanda (pas encore complètement démocratique,
mais en chemin) en supprimant à notre tour toutes références ethniques,
tribales et clanique dans notre état civil et dans toute l'administration.
Avons-nous
le courage de léguer à un avenir à nos générations futures !
Un avenir
de vivre ensemble, de démocratie et de liberté !
Mahamoud
djama,