mardi 9 décembre 2014

Djibouti : la dictature méconnue de l’Afrique !


Djibouti : la dictature méconnue de l’Afrique !

37 ans de dictatures ont transformé Djibouti à une prison à ciel ouvert ! Pourtant cette dictature vieille de 37 ans est totalement méconnue en occident et encore moins en Afrique !

 La dictature de Djibouti est héréditaire du même type que « les bongos » du Gabon ou « les eyademas » du Togo, le dictateur  Hassan Gouled, n’ayant pas de fils ou fille,  a passé le flambeau à son neveu, Ismael Omar Guelleh, après 22 ans de règne. Celui-ci, est à son quinzième année de règne.

A l’inverse des autres dictatures d’Afrique, la dictature Gouled/Guelleh vit relativement à l’abri des médias occidentaux. La clémence dont bénéficie la dictature djiboutienne peut s’expliquer par la taille du pays et surtout la timidité du peuple djiboutien, qui a du mal à parler des sévices  du régime.
Mais, cette clémence peut-être également le résultat d’un lobbying très agressif du régime sur les médias internationaux allant jusqu’à acheter le silence s’il n’obtient pas un papier de propagande.

Djibouti par sa situation géographique, est un pays riche. Situé au carrefour de l’Afrique et l’Asie, au passage d’une route maritime très fréquenté, Djibouti est également le port de l’Ethiopie, un pays de 80 Millions d’habitants dont la croissance économique avoisine le 10% par an !
Grâce à sa position, djibouti est également un hub pour la télécommunication. Le pays est situé au croisement de trois câbles souterrains.
En outre, Djibouti est quasiment un pavillon militaire multinational où sont stationnés des soldats français, italiens, allemands, espagnoles, américains, japonais, mais également chinois et on parle même des russes ou iraniens.
 
Malheureusement, près de 80 % des djiboutiens vivent sous le seuil de pauvreté et près de 50% sont dans une insécurité alimentaire sévère. L’économie djiboutienne repose sur la rente sur tous les aspects de la vie économique du pays. A Djibouti tout est a loué au plus offrant. Nouer des relations avec des partenaires, établir une stratégie de développement à long terme, créer des entreprises, investir dans l’éducation, la santé ou investir dans les secteurs énergiques ne sont points les priorités du régime actuel. L’argent facile généré par la rente de la position géostratégie de Djibouti, la course derrière le billet vert sont l’alpha et l’oméga de la vision stratégique du régime. Toute l’énergie ou la réflexion des dirigeants du pays pour ne pas dire le dirigeant tourne à la conservation du pouvoir  par tous les moyens. En effet, Guelleh a réussi au bout de trois mandats à la tête du pays à s’alénier la quasi-totalité de la classe politique  dont certains étaient ses compagnons avant de tomber en disgrâce ou claquer la porte pour rejoindre l’opposition, mais également les intellectuels, les jeunes, les femmes qui étaient il y a encore peu le noyau dur de ses supporteurs.

Depuis, le holdup électoral des élections de février 2013, le pays est quasiment  à l’arrêt : l’administration est atone. Les conflits de personnes dominent au sein du gouvernement, la famille du dictateur (la fille, les beaux-fils, la dernière dame  du pays) alimente les faits divers et les conflits de personne. Le pays est non gouverné, à part l’aspect créatif de la crainte quotidienne confié des pseudos seigneurs de « guerres » qui s’apparentent à des tortionnaires  sous couvert de l’uniforme des institutions d’état.

 Pour le peuple djiboutien l’intimidation, l’humiliation et les mauvais traitements sont les lots quotidiens en lieu et place d’une vie décente  qu’il aurait pu espérer en vue de la place stratégique qu’occupe leur pays et les devises engendrés par conséquent.

L’occident qui a longtemps considéré le régime djiboutien comme une dictature amie, commence à comprendre la nature du régime qui est plus à une kléptocratie qu’un pays. Ils constatent également la non-viabilité du dictateur qui fait un réel rapprochement avec les devises chinoises en dépend de leur amitié!

Quelques lueurs d’espoirs dans cet océan de désespoir du peuple djiboutien, le réveil de la jeune djiboutien sous la bannière MJO, une opposition qui préserve pour l’instant l’unité, des leaders disponibles et viables, la prise de conscience occidentale qu’au-delà de deux mandats à la tête d’un pays, un homme ou une femme n’apporte rien de bien à part la destruction ou la misère.

Cette prise de conscience n’est pas étrangère à la détermination du premier Président américain qui a des origines africaines dont justement le père a subit le système de la dictature. Obama hait la dictature et les dictateurs, il fait tout pour faire comprendre aux dictateurs africains que le temps où ils régnaient avec la complicité occidentale est révolu ! 

« The game is Over » pour Guelleh !

Mahamoud djama






Ce que j’ai vu et vois encore: chapitre 2

Ce que j’ai vu et vois encore
chapitre 2
Par
Daher Ahmed Farah
(Suite)





Sur ce terreau de la pauvreté, je ne vous apprends rien, les maladies ne peuvent que prospérer. De sorte que trop nombreux sont les Djiboutiens qui souffrent d’une ou plusieurs maladies chroniques, situation d’autant plus préoccupante que la politique gouvernementale de santé brille par ses carences et que l’accès au peu de soins disponibles est devenu malaisé. 

Pauvreté, dis-je. Quelles en sont les causes ? Sont-ce l’exode rural et l’immigration, comme l’affirme le chef de l’État, Monsieur Ismaël Omar Guelleh, dans sa dernière interview à Jeune Afrique (édition 2776 du 23 au 29 mars 2014), journal à lui ami ? Point sûr. La principale et profonde cause de la pauvreté à Djibouti est, par-delà les apparences, la mauvaise gouvernance. Laquelle ne place pas l’intérêt général et partant l’humain au cœur de ses préoccupations. Ce qui préside à l’action publique à Djibouti, ce n’est pas le service du peuple mais d’intérêts particuliers. Il s’ensuit une allocation des ressources fortement déséquilibrée et une redistribution des richesses extrêmement injuste. Notons le lien de causalité : à extrême injustice dans la redistribution, extrême pauvreté dans le pays. Celle-ci, comme précédemment rappelé, frappe 42,2% de la population (Cf www.dj.undp), chiffre en-deçà du réel pour beaucoup d’acteurs de terrain.

Ainsi, la population rurale ne bénéficie point de la politique de développement qu’elle mérite. Elle n’est pas aidée à améliorer ses conditions d’existence. Point de réponse sérieuse aux sécheresses récurrentes. Les eaux de pluies ne sont guère retenues. De nouvelles techniques culturales sont rarement introduites auprès de nos agriculteurs. Agriculteurs? Ils existent bel et bien dans ce pays, contrairement à la légende qui fait de lui une terre lunaire. Non plus, la terre n’est point reboisée d’espèces végétales à la fois utiles et résistantes, reboisement qui aurait un impact microclimatique positif, atténuerait la chaleur et pourrait contribuer à l’alimentation animale. Cette politique de reverdissement pourrait et devrait s’articuler avec un effort vers l’élevage traditionnel extensif pour le repenser, en accord avec les pasteurs nomades, et l’adapter aux évolutions climatiques. C’est dire si les ruraux restent peu formés, peu orientés et peu accompagnés. C’est dire si les activités génératrices de revenus ne sont pas encouragées en milieu rural.

Résultat : les ruraux se réfugient en ville. Ils viennent gonfler les centres urbains de pauvres supplémentaires. Pauvres supplémentaires, car les villages et les villes sont déjà emplis de démunis. Les pauvres urbains sont les chômeurs, les intermittents de l'emploi (ils alternent périodes d’emploi et périodes de chômage), les travailleurs mal payés, les personnes âgées sans ressources ainsi que les enfants que toutes ces catégories d’adultes ont en charge. Ce sont aussi les immigrés clandestins à qui la porosité de nos frontières a permis de venir chercher de quoi survivre sur le sol national. En termes de générations, le chômage urbain, que l’exode rural et l’immigration ne créent pas mais aggravent, et dont la massivité n’a rien à envier à celle du chômage rural, frappe une très forte proportion de la jeunesse, la composante la plus nombreuse de la population des villes comme de la population générale. Dès lors, chez nous, le chômage global, qui inclut urbains, ruraux et immigrés, est l’un des plus massifs au monde, au point que le chiffre de 59.5% avancé par les statistiques (Cf www.dj.undp) apparaît comme un pâle reflet de la réalité.

A suivre. 

Ce que j’ai vu et vois encore: chapitre 1

Ce que j’ai vu et vois encore
Chapitre 1
Par
Daher Ahmed Farah
(DAF)

Cela fait déjà un petit moment que je ressens le besoin de partager avec vous ces quelques lignes. Les partager par la plume, car il m’est déjà arrivé d’en évoquer oralement telle ou telle partie. La plume ? L’écrit reste, a-t-on coutume de dire avec cette assurance qu’inspirent les dictons éprouvés. Même si aujourd’hui cet adage devrait s’énoncer moins exclusivement : par la magie du progrès technique, les paroles restent aussi.

De fait, l’envie m’en a envahi dès les premiers jours qui ont suivi mon retour d’exil, c’est-à-dire dès après le 13 janvier 2013. Mais j’ai voulu laisser impressions et informations se décanter pour, par-delà l’émotion, mieux en saisir la substance.

Qu’ai-je alors vu ? Qu’ai-je pu observer? Bien des réalités que les Djiboutiens connaissent pour les vivre au quotidien. Quel intérêt alors à évoquer ces réalités puisque connues des premiers intéressés ? Il me paraît utile de les redire encore en les liant à leurs causes pour rappeler que ce ne sont point des fatalités mais des problèmes que le changement que nous visons est à même de régler. Sans compter mon souci constant de contribuer à informer le vaste monde de nos souffrances sous ce régime.

Comme mon regard se porte d’abord sur les êtres, c’est-à-dire sur le vivant, la première réalité observée est l’état physique de la majorité de mes compatriotes. Ils donnent à voir leur amaigrissement, leur vieillissement précoce, leur regard hagard où perce l’angoisse du jour et du lendemain, bref la détresse imprimée en grandes lettres sur leur corps.

A l’évidence, cet état physique et moral reflète les duretés de leur quotidien, à commencer par la malnutrition, c’est-à-dire l’absence d’une alimentation suffisante en qualité comme en quantité. Il indique l’incapacité économique de cette grande majorité de Djiboutiens à subvenir à leurs besoins. Il montre aussi, dans certains cas, une maladie mal traitée telle que le diabète.

C’est indiscutablement la pauvreté qui se lit sur le corps de ses victimes. C’est elle, trop souvent aggravée en misère, qui déroule ses stigmates. La pauvreté saute aux yeux dans ce pays. Les Djiboutiens ont continué de s’appauvrir sous le pouvoir en place, à telle enseigne que le phénomène atteint aujourd’hui des sommets. Les conditions concrètes d’existence de la population dans la capitale comme en province, en témoignent. Abonde dans le même sens le chiffre de 70% de la population et plus, cité ici et là pour estimer l’ampleur de la pauvreté à Djibouti, l’extrême pauvreté étant pour sa part située à 42.2%. L’indice de développement humain ou IDH (Cf www.dj.undp) qui classe Djibouti 164ème sur 187 pays, le confirme. C’est un désastre sans précèdent dans notre histoire collective.


à suivre … !