mardi 29 juillet 2014

Djibouti : 2016, élection à haut risque !

Djibouti : 2016, élection à haut risque !




Djibouti traverse la pire crise politique, sociale et économique depuis son accession à l’indépendance en 1977. Pourtant, le pays a connu deux vagues de guerres civiles en  1992 et en 2001, mais jamais le rejet du pouvoir en place n’a été de telle ampleur.

Depuis, la confiscation des résultats des élections législatives en 2013, la contestation grandit jour après jour point d’atteindre les cercles les plus proches du pouvoir. En réponse, le pouvoir en place exerce une répression sans limite et des atteintes graves aux droits humains. Cette répression touche de plus en plus des personnes même des anciens collaborateurs du régime et des anciens ministres, jusqu’à là épargnés.

Tous les indicateurs socio-économiques du pays sont en rouge :
-          L’économie totalement à l’arrêt.
-         La corruption et le clientélisme à leur plus haut niveau.
-         L’administration paralysée et en cours de désintégration suite aux licenciements abusifs ou fuites des cerveaux après la chasse aux sorcières qu’a entrepris le pouvoir face à l’opposition (USN).
-         Des secteurs entiers de l’économie ou de l’administration, vitaux pour l’avenir du pays sont à l’abandon comme l’éducation, la santé, la recherche, l’entrepreneuriat, l’artisanat ou le sport.
-         L’ensemble de l’économie du pays est transformé à une économique de rente. Plus aucun secteur de l’économie n’échappe à la voracité du régime en place.

C’est dans ces conditions qu’en 2016, le pouvoir en place souhaite prolonger le bail du dictateur en place ou du moins le système en plaçant en orbite une ou un très proche du dictateur actuel pour poursuivre son « œuvre ».

Ce plan du régime se heurte à la réalité du terrain depuis près deux ans, le régime fait face à une résistance héroïque d’un peuple pacifique, mais déterminé à changer la donne en république de Djibouti. Le régime djiboutien avait considéré que la patience des djiboutiens à son égards était synonyme de lâcheté ou de faiblesse en soit ! Il vient d’avoir le prélude d’un message beaucoup plus profond traduisant la profonde mutation de la société djiboutienne qui veut un changement démocratique et veut l’avoir rapidement.

Ce peuple pacifique est composé des jeunes regroupés au sein du MJO (Mouvement des Jeunes d’Opposition), l’Union des Femmes USN et l’ensemble des partis d’opposition regroupés au sein de l’USN. Même si tout le monde ne s’accorde pas la manière ou l’urgence d’en finir avec le régime actuel, tout le monde est convaincu qu’il faut un changement démocratique au pays.

 Jusqu’à 2013, le régime faisait face à une opposition atomisé et incapable de résister à sa pression. Les rapports de force commencent à changer et placent l’opposition dans une position inédite, jamais vu dans l’histoire du pays. Et, contrairement, aux illusions du régime en place, les djiboutiens dans leur grande majorité cherchent le nom du prochain président dans les rangs de l’opposition.

Un autre paramètre à prendre en considération et pas le moindre, les djiboutiens  et  les djiboutiennes n’ont plus peur de la répression du pouvoir en place. Si pendant deux ans, ils ou elles ont démontré leur résistance à encaisser les coups  et les mauvais traitements sans riposter, en 2016, ils peuvent passer à l’action et riposter.

Donc, si la communauté internationale ne prend pas très au sérieux l’élection de 2016 et ne prend pas toutes les mesures nécessaires pour que celle-ci se déroule sans l’ombre d’un doute en faisant les pressions nécessaires sur le régime. Les djiboutiens ne se contenteront pas des manifestations pacifiques et ne compterons pas leur morts tranquillement. Par conséquent, l’issue de cette élection est capitale pour l’avenir du pays.

En outre, le dictateur Guelleh a concentré la majeur partie pour ne pas dire la totalité du pouvoir du pays entre ses mains ce qui lie le destin du pays à celui du poste de « président ». C’est ainsi que son remplaçant doit être une personne capable d’assumer un destin hors du commun et d'avoir l’humilité et la sagesse adéquate afin remettre le pays dans un état normal de fonctionnement.

Elle doit revitaliser les institutions démantelées et détruites par 37 ans d’un pouvoir autocratique. Elle doit être assez jeune pour comprendre la jeunesse et assez mure pour avoir la sagesse et l’acuité mentale pour comprendre l’époque, le milieu dont nous vivons.  Elle doit avoir l’expérience des épreuves d’avoir vécu dans sa chair pour comprendre les douleurs et avoir la sagesse nécessaire pour pouvoir pardonner les auteurs ou supporter des décisions difficiles.

Elle doit comprendre la forte demande du changement du peuple djiboutien dont elle doit le précéder ou du moins l’accompagner. Elle doit être profondément démocrate pour supporter l’agitation des premières années de liberté des djiboutiens. Il faudra que cette personne soit quelqu’un de très cultivé, vécu à l’extérieur de son pays un certain temps pour comprendre le monde extérieur et ayant vécu suffisamment dans le pays pour avoir le temps d’analyser la société, les maux et les remèdes adéquates.

Un tel profile ne peut provenir que de l’opposition ou au sein de la société civile (totalement absente à Djibouti), aucun individu du régime actuel ne peut incarner un espoir ou un renouveau de Djibouti et encore moins l’avènement d’une démocratie.

Ayant conscient de cet état de fait, Guelleh veut atomiser l’opposition avant cet échéance. C’est ainsi qu’il distille des messages à des agents au sein de l’USN pour miroiter des postes, liesses d’argents ou des titres honorifiques à certains leaders de l’USN qui se seraient vus Khalifs à la place du Khalif.

Mais, d’un autre côté, comment l’USN peut-elle tomber dans le piège, gros comme une maison alors qu’elle avait résisté jusqu’à présent aux tentatives de Guelleh ?

Pourquoi certains au sein de l’USN sont plus enclins à signer des accords avec iog au risque de tout perdre au lieu d’aller à la confrontation électorale en 2016 dont l’issue serait largement plus favorable à l’opposition?

Pour comprendre les raisons cachées de l’envie soudain d’USN d’entamer des négociations avec iog, il faut regarder du côté de la maison USN.  Six mois après sa création, l’USN s’est embourbée dans une crise de leadership, ceci l’a handicapé sur le plan extérieur, mais également sur le plan intérieur. Depuis, il y a une avalanche des mauvaises décisions : nomination, charte et structure mal définie qui l’empêchent vraiment d’évoluer dans une structure démocratique. Pire, l’USN s’enferme dans ses erreurs et ouvre un boulevard à ceux de l’extérieur ou de l’intérieur qui veulent la détruire.

Si iog a tout intérêt des négociations avant la confrontation de 2016.
C’est l’USN qui est demandeuse et pire qui se met dans une position de faiblesse, en étant la seule à parler des négociations. Cette attitude ne lui laisse aucune marge de manœuvre et l’oblige à faire plus des concessions que la partie adverse.

Alors, pourquoi telle précipitation, s’agit-il une opportunité ou une ouverture sans précédente du régime ?

Après des indiscrétions qu’on a obtenues  de la part du régime, celui-ci n’a pas changé d’iota sur ses positions, surtout le point capital : le nombre sièges de l’assemblée générale.

En lot de consolation, USN a obtenu des promesses sur des réformes démocratiques, mais les promesses n’engagent que ceux qui y croient !

Alors, pourquoi ce reniement qui décrédibiliserait l’USN et ses composantes ?

Pourquoi, il y a eu tant de sacrifices et de résistances pour arriver à ce résultat ?

Le problème est que le haut conseil de l’USN, l’organe de décision se défausse sur ces négociations pour échapper au vrai débat interne sur son mode de fonctionnement et surtout son manque des structures et des processus démocratiques.

L’usn qui crie à tort et à travers son attachement à la démocratie, serait-elle incapable à choisir ses représentants ou le leader par voie démocratique?

Dans la charte USN, le haut conseil doit désigner le candidat à l’élection présidentielle !

A l’image de la dictature, le haut conseil contourne les règles de fonctionnement démocratiques, en inventant (instaurant) la démocratie uniquement à son au sein ! Exit le peuple !   

Comment le haut conseil, une institution mal définie dont on a mal à cerner les membres et dont fourmillent les agents du régime, prend toutes les décisions importantes voire vitales pour l’USN ?
Comme à l’UMP, le peuple djiboutien suit de loin l’évolution ou là plus exactement le virage dangereux de l’USN.

Les décisions se prennent dans un cercle restreint faussement démocratique pour donner une illusion démocratique à la masse populaire.

Mais, l’inverse de l’UMP (l’instrument de la dictature) totalement sclérosé et incapable d’évoluer, l’USN peut encore changer de voie et reprendre la main !

Quelques options sont encore à la portée de l’USN pour reprendre sa position dominante et remettre Guelleh dans l’impasse !

1)      S’engager réellement dans la voie de la démocratie, en changeant les articles anti-démocratiques : instaurer un processus d’élection primaire pour choisir le candidat à l’élection de 2016.

2)      Ne pas signer un accord sur le partage des sièges, là deux options se présentent :

o   Soit il faut proposer une fusion de deux assemblées, ce qui pourrait amener une assemblée de 120 à 130 députés. Ceci est une solution intermédiaire, si les deux parties sont sincères pour la négociation car il n’y aurait ni de gagnant, ni de perdant ! Il s’agit une solution temporaire jusqu’à l’élection présidentielle et le président élu dissoudra l’assemblée pour qu’elle retrouve sa taille normale.

o   Soit sortir cette question de la négociation en gardant chacun ses positions et se donner rdv à l’élection présidentielle pour en découdre devant le seul juge en démocratie, le peuple.

3)       Remettre le peuple au cœur de ses décisions et fonctionner qu’en mode démocratie pour son fonctionnement interne et externe.

Un an et demi d’une confrontation majeure, toute négociation avec le régime Guelleh constitue un piège mortel pour l’opposition. L’opposition est de nouveau face un destin incertain. Elle risque de perdre des plumes (valeurs et supporteurs) ou d’être détruite.

Si l’alternance politique est plus jamais possible à Djibouti, la stratégie actuelle de l’USN risque de réduire ses chances et plonger le pays dans un désastre sans nom !





mardi 15 juillet 2014

Djibouti : Journal « jeux à fric » passe de la propagande du régime à la pure affabulation !


Jamais un journal de renommée internationale n’a lié, son destin, à une dictature.  Le journal Jeune Afrique que les Djiboutiens ont rebaptisé : « Jeux à fric », a laissé son intégrité, sa crédibilité, l’éthique et la déontologie qui sont les fondamentaux du journalisme au vestiaire pour servir le despote Guelleh.

Ce journal est devenu, « le journal officiel », du régime djiboutien et abreuve son monde des articles élogieux et à la gloire du tyran. Le client, en  l’occurrence, le despote djiboutien paie excessivement cher, les publi-reportages et quelques pages pour sa propagande avec des masses de billets couvertes du sang du peuple djiboutien.

Il est vrai que le journal se fait une réputation internationale sur le copinage avec les « kleptocraties »  africaines (Tunisie, Djibouti  et Tchad etc..).  Après la chute du régime tunisien, principal pourvoyeur des fonds du journal, celui-ci s’est tourné vers Djibouti où règne un régime qui de tout point de vue est identique à celui que les tunisiens ont eu la volonté et le courage de se défaire.

L’amitié « alimentaire » entre le groupe Jeune Afrique et le régime djiboutien, a pris jour après jour des proportions inquiétantes  pour atteindre son paroxysme cet été. On n’est plus dans le domaine du journalisme à caractère propagandiste, mais clairement dans l’affabulation. Le journal ne se limite plus à glorifier les actions de la dictature, mais commence à affabuler des contre-vérités ou rentre carrément dans les romances pour inventer des actions ou des gloires inexistantes.

Le pouvoir djiboutien est connu pour sa gestion calamiteuse pour ne pas dire « kleptomane» de la chose publique et ne peut prétendre à une quelconque action sociale, politique et économique. Après, 37 ans d’un pouvoir autocratique et héréditaire, le peuple djiboutien n’a toujours pas accès  aux besoins fondamentaux notamment l’électricité et à l’eau. S’agissant de l’électricité, Djibouti est premier  pays  au monde en termes de coût excessif.  Quant à L’eau, elle est une denrée rare à mettre dans le domaine de luxe ultime pour les djiboutiens.  Il n’existe aucune entreprise digne de ce nom appartenant à des djiboutiens. 

L’économie djiboutienne est totalement tournée vers la rente  et le domaine privé du dictateur ou de ses proches. Les ONG et les associations nationales sont totalement sous contrôle ou appartiennent à des proches du régime.

Bien évidemment, ces détails n’affectent ni les dignitaires (proches du despote) du régime, ni leur hôtes de bienfaisances qui séjournent en tout frais payés dans des hôtels huppés ou des demeures luxuriantes  construites avec les détournements des derniers publics.

Comme toute autre activité, le journalisme est banni à Djibouti et ce pouvoir préfère payer des étrangers pour faire sa propagande. En fait, la stratégie du dictateur se résume ainsi : « louer tout ceux qu’on peut louer à des entreprises ou pays étrangers pour avoir une rente confortable et payer les services dont on a besoin à des étrangers véreux à caractère mercantile ». Pendant ce temps, le peuple meurt dans le désœuvrement et se nourrit à la propagande du régime sur la réussite du grand timonier. C’est pour amplifier et intensifier la propagande de l’unique radio-télévision du pays que le régime vient « d’acquérir » ce journal « jeux à fric » pour diffuser sa propagande à l’extérieur et asseoir celle-ci sur le plan intérieur.

Du côté du « journal » l’argent n’a pas d’odeur, même si les tâches du sang du peuple djiboutien, noircissent les faces de cet argent sale.  En outre, pour ledit journal, le  « client » est de plus en plus capricieux et la propagande ne suffit plus, il faut flatter l’égo du maitre des lieux en inventant des histoires et créer en toute pièce d’une réussite  sur des programmes socio-économiques jamais sortis des cartons des pré-études ou d’études de faisabilités dont l’unique objectif était de créer un écran de fumée pour le « détournement des fonds publics ». Certains sont abandonnés à la phase de la signature et ceux qui passent à la phase de réalisation sont eux aussi abandonnés juste après leur mise en service afin d’avoir la photo d’ouverture pour la propagande du régime.

En matière de propagande ou d’affabulation, le régime et le journal ont mis en place une stratégie de « plus c’est gros ! Mieux çà passe !». Donc, après la propagande de la réussite totale du programme « Zéro Bidonville » du régime, nous voici  au prétendu programme de la « couverture universelle » au niveau de la santé.

Alors que les organismes internationaux du type onusien tel que : OMS, FAO, HCR, PNUD etc.) ne cessent de tirer la sonnette d’alerte sur le risque de famine qui guette  au moins 1/3 du peuple djiboutien. Alors que le dit « journal » parle de croissance et réussite du régime du dictateur Guelleh !
Lorsque le peuple djiboutien excédé de 37 ans de mal gouvernance, d’injustices et de manque de libertés, manifeste, le « jeux à fric » parle des manifestations religieuses.

Pendant que le pays sombre dans l’impasse politique,  faute du refus de dialogue du  dictateur  qui a verrouillé hermétiquement les portes des négociations, le journal « jeux à fric » parle d’un Président qui tend la main à l’opposition.
A propos des  féroces violences et de la répression policière des forces de l’ordre, le « Jeux à Fric » évoque des opérations de maintien de l’ordre suite à des provocations et des destructions de l’opposition !
Pour le « journal » l’opposition n’a pas droit à la parole. Elle est évoquée pour être l’antithèse, la face sombre de Djibouti. Le traitement réservé à l’opposition est un message sous-adjacent à l’ensemble du peuple djiboutien traité moins que rien dans les colonnes de ce «  Jeux à Fric ». Les termes sont peu flatteurs comme la citation du dictateur dans les colonnes de l’hebdomadaire : « J’ai un peuple à nourrir ! ».

Tous les djiboutiens savent le niveau linguistique ou d’incompétence des dignitaires du régime à commencer  par le « Docteur Honoris Causa » ou Mr « nesba », incapable de lire un discours  cohérent et structuré en français, ni à tenir une conférence de presse, mais qui, curieusement s’exprime merveilleusement bien dans ce journal. Il est plus qu’évident que le journal écrit les questions et les réponses pour satisfaire le client djiboutien.

La question que beaucoup des djiboutiens se posent :

Pourquoi une telle haine envers le peuple djiboutien avec des termes aussi péjoratifs ?
S’agit-il juste d’une question de dollar ?
Peut-on acheter la dignité humaine, la déontologie et l’éthique du journalisme ?
Apparemment le propriétaire et rédacteur en chef du journal « Jeux à fric », a choisi le dollar face à la dignité ! Le peuple djiboutien s’en souviendra !

Aujourd’hui, devant la prolifération des réseaux sociaux et des journaux en ligne totalement indépendants, Jeune Afrique ou « Jeux à Fric », a perdu son aura et tout son prestige des années 70. La défaite du régime Ben Ali, a montré  à  suffisance que Jeune Afrique a été démystifiée et détient plus le monopole de la communication.

Comme en Tunisie et ailleurs, les Djiboutiens viendront bientôt à bout de ce régime déprécié et ravalé par l’immense majorité du peuple désabusé.



dimanche 6 juillet 2014

Djibouti : Opposition USN sérieuse et crédible ?





L'état de délabrement du pays est tel que la propagande du régime « vision 2035 » fait figure pale face à la réalité. Jamais, dans l’histoire du pays, il n’y a eu autant d’entrée de flux d’argent et au même temps autant de désœuvrement : pénurie alimentaire, système sanitaire et  éducatif aux abois, aléa énergétique. Le contraste entre la beauté des villas construites avec l’argent publique et la misère du peuple est si criant que même les organismes internationaux commencent à monter au créneau pour dénoncer la mal gouvernance. Les appels des organismes onusiens pour aider le peuple touché par la famine se multiplient  sans que cela n’émeuve la junte des kléptomans au pouvoir.

La mal gouvernance, le clientélisme, l’ethnocratie ou la médiocratie sans parler de la corruption ont atteint des sommets qu’il est très difficile, voire impossible de retrouver un état en fonctionnement normal sous l’ère du  système actuel.

L’administration est paralysée par des conflits des personnels. Aucune structure du régime n’échappe au disfonctionnement généralisé du régime en fin de vie.

Ce dans ce contexte qu’on a retrouvé une opposition regroupée et sensible   aux intérêts du pays pour la première de l’histoire de Djibouti.

L’opposition était le talent d’Achille du système politique à  Djibouti. Un ministre français me disait un jour « vous voulez qu’on fasse qu’on confiance à quelle opposition, celle qu’iog manipule à son grès ? ». Effectivement,  certains qui ont porté cette étiquette de l’opposition ont sali le nom de l’opposition par leur retournement de veste. François Mitterrand disait : « du génie, c’est très rare, de l’intelligence, tout le monde en a un peu,  c’est avec de la persévérance qu’on fait la différence ». Et, il faut se l’avouer, la persévérance n’est pas un terme familier dans l’opposition djiboutienne à quelque rare exception près. Quelques  liesses de billets de la dictature et quelques séances de tortures suffisaient  à faire plier les quelques individus opportunistes qui s’aventuraient dans le champ de l’opposition sous la dictature Guelleh.  D’après des sources proches du dictateur, celui-ci disait même  « j’ai un opposant et quelques déçus ».  Certains diront qu’il parlait du feu Ahmed Dini, d’autre de Daher Ahmed Farah (DAF), l’indomptable leader du MRD et porte-parole de l’USN. Mais toujours est-il que ces deux hommes sont célèbres pour leur persévérance dans la lutte.   Allahu Rahmo Ahmed DINI est le père de l’indépendance djiboutienne, mais également le père de la timide ouverture démocratique du pays.
DAF, lui  a donné plus de la moitié de son existence à cette lutte démocratique,  de sa tendre enfance jusqu’aujourd’hui où il est le premier à subir les foudres de la dictature. Effectivement, la dictature le cible particulièrement avec des accusations des plus en plus loufoques, fallacieuses et hasardeuses au point d’être ridicules. Mais, le ridicule est la marque de fabrique du régime Guelleh encré dans le tribalisme et le clanisme à caractère « alimentaire ».

Si le peuple djiboutien a tourné le dos au régime Guelleh et a voté massivement pour l’opposition démocratique USN. L’engouement  qui aurait pu basculer le destin du pays, n’est pas encore visible dans les rangs de l’opposition.

Alors, la question que beaucoup des spécialistes de la question djiboutienne se posent est le pourquoi de ce décalage ?

Si le combat politique  de l’USN et les valeurs défendues sont plus qu’accueillies au sein de la communauté nationale et très prises au sérieux par la communauté internationale, la gestion du pouvoir de l’opposition est redoutée.

Le doute n’est pas lié à la compétence de l’opposition à exercer le pouvoir au contraire, la communauté nationale et internationale reconnaissent  qu’il y a des talents et des vrais leaders dans l’opposition à l’inverse de la bande des kléptomans au pouvoir.

Non, le problème de l’opposition est qu’elle manque de structures organisationnelles  pérennes au niveau de la gestion et du partage du pouvoir.

 La charte de l’USN avait cet objectif, mais au lieu de rassurer, elle a soulevé des craintes. Il y a beaucoup des manquements en matière des processus opérationnels.  Mais, elle a le mérite d’exister et  pourrait être améliorée à tout moment avec une volonté politique qui a du mal à émerger au sein des différents leaders et partis politiques. Il faudra pourtant traverser les ponts entre les partis si l’opposition djiboutienne veut prendre et exercer le pouvoir afin de changer la destinée du pays.

Contrairement aux ragots du régime en place, les puissances étrangères présentes à Djibouti n’ont pas des liens d’amitié avec le dictateur Guelleh, mais gardent jalousement leurs intérêts au point d’apparaitre « amies avec la dictature » aux yeux du peuple ce qui décourage un bon nombre de nos concitoyens.

Il faut reconnaitre que beaucoup des chancelleries occidentales comme le peuple djiboutien d’ailleurs attendent d’avoir de la lisibilité au sein de l’opposition.

Plus personne n’attend une solution de sortie de crise venant du régime. Sans décevoir les « optimistes » acharnés pour une solution négociée, le régime n’a aucun intérêt à négocier. Et avant de penser à une solution négociée, il faut créer un rapport de force qui  serait favorable à l’opposition!

Le régime djiboutien a déclaré plusieurs fois par la voix de son président, ou le fantomatique premier ministre ou président du parlement, sa volonté de décapiter l’opposition.
D’un autre côté, le régime djiboutien semble rentré dans l’après « dictateur iog » et les couteaux aiguisés sortent des placards dans une lutte interne  qui ne pressage rien de bon pour l’avenir du pays. Et, dans cette lutte interne, où un des deux clans en mauvaise posture essaie d’impliquer l’opposition dans cette sale guerre en utilisant certains nombres des satellites placés dans les rangs de l’opposition. Or, l’opposition doit se placer en dehors de ce combat à caractère « alimentaire » que les deux clans du régime se livrent. Elle doit incarner le rassemblement des familles ethniques, tribales et sociales pour insuffler le changement démocratique que le pays a tant besoin.  

Pour l’instant l’opposition a bien réussi la première phase de sa « révolution », mais hésite à changer de rythme et à donner un second souffle.

On a l’impression qu’elle reste engluée à la phase une, avec ses revendications et les répressions  du régime.

Jusqu’à présent, l’opposition djiboutienne a démontré son sérieux et son implication, mais peine à afficher sa crédibilité avec un processus, un programme et un plan de sortie de crise.