Ce que j’ai vu et vois encore
Chapitre 1
Par
Daher Ahmed Farah
(DAF)
Cela fait déjà un petit moment que je ressens le
besoin de partager avec vous ces quelques lignes. Les partager par la plume,
car il m’est déjà arrivé d’en évoquer oralement telle ou telle partie. La plume
? L’écrit reste, a-t-on coutume de dire avec cette assurance qu’inspirent les
dictons éprouvés. Même si aujourd’hui cet adage devrait s’énoncer moins
exclusivement : par la magie du progrès technique, les paroles restent aussi.
De fait, l’envie m’en a envahi dès les premiers
jours qui ont suivi mon retour d’exil, c’est-à-dire dès après le 13 janvier
2013. Mais j’ai voulu laisser impressions et informations se décanter pour,
par-delà l’émotion, mieux en saisir la substance.
Qu’ai-je alors vu ? Qu’ai-je pu observer? Bien
des réalités que les Djiboutiens connaissent pour les vivre au quotidien. Quel
intérêt alors à évoquer ces réalités puisque connues des premiers intéressés ?
Il me paraît utile de les redire encore en les liant à leurs causes pour
rappeler que ce ne sont point des fatalités mais des problèmes que le
changement que nous visons est à même de régler. Sans compter mon souci
constant de contribuer à informer le vaste monde de nos souffrances sous ce
régime.
Comme mon regard se porte d’abord sur les êtres,
c’est-à-dire sur le vivant, la première réalité observée est l’état physique de
la majorité de mes compatriotes. Ils donnent à voir leur amaigrissement, leur
vieillissement précoce, leur regard hagard où perce l’angoisse du jour et du
lendemain, bref la détresse imprimée en grandes lettres sur leur corps.
A l’évidence, cet état physique et moral reflète les duretés de
leur quotidien, à commencer par la malnutrition, c’est-à-dire l’absence d’une
alimentation suffisante en qualité comme en quantité. Il indique l’incapacité
économique de cette grande majorité de Djiboutiens à subvenir à leurs besoins.
Il montre aussi, dans certains cas, une maladie mal traitée telle que le
diabète.
C’est indiscutablement la
pauvreté qui se lit sur le corps de ses victimes. C’est elle, trop souvent
aggravée en misère, qui déroule ses stigmates. La pauvreté saute aux yeux dans
ce pays. Les Djiboutiens ont continué de s’appauvrir sous le pouvoir en place,
à telle enseigne que le phénomène atteint aujourd’hui des sommets. Les
conditions concrètes d’existence de la population dans la capitale comme en
province, en témoignent. Abonde dans le même sens le chiffre de 70% de la
population et plus, cité ici et là pour estimer l’ampleur de la pauvreté à
Djibouti, l’extrême pauvreté étant pour sa part située à 42.2%. L’indice de
développement humain ou IDH (Cf www.dj.undp) qui classe Djibouti 164ème sur 187 pays, le confirme. C’est un
désastre sans précèdent dans notre histoire collective.
à suivre … !
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