L'état
de délabrement du pays est tel que la propagande du régime « vision 2035 »
fait figure pale face à la réalité. Jamais, dans l’histoire du pays, il n’y a eu
autant d’entrée de flux d’argent et au même temps autant de désœuvrement :
pénurie alimentaire, système sanitaire et éducatif aux abois, aléa énergétique. Le
contraste entre la beauté des villas construites avec l’argent publique et la
misère du peuple est si criant que même les organismes internationaux
commencent à monter au créneau pour dénoncer la mal gouvernance. Les appels des
organismes onusiens pour aider le peuple touché par la famine se
multiplient sans que cela n’émeuve la
junte des kléptomans au pouvoir.
La
mal gouvernance, le clientélisme, l’ethnocratie ou la médiocratie sans parler
de la corruption ont atteint des sommets qu’il est très difficile, voire
impossible de retrouver un état en fonctionnement normal sous l’ère du système actuel.
L’administration
est paralysée par des conflits des personnels. Aucune structure du régime
n’échappe au disfonctionnement généralisé du régime en fin de vie.
Ce
dans ce contexte qu’on a retrouvé une opposition regroupée et sensible aux
intérêts du pays pour la première de l’histoire de Djibouti.
L’opposition
était le talent d’Achille du système politique à Djibouti. Un ministre français me disait un
jour « vous voulez qu’on fasse
qu’on confiance à quelle opposition, celle qu’iog manipule à son grès ? ».
Effectivement, certains qui ont porté
cette étiquette de l’opposition ont sali le nom de l’opposition par leur
retournement de veste. François Mitterrand disait : « du génie, c’est très rare, de
l’intelligence, tout le monde en a un peu, c’est avec de la persévérance qu’on fait la
différence ». Et, il faut se l’avouer, la persévérance n’est pas un
terme familier dans l’opposition djiboutienne à quelque rare exception près. Quelques liesses de billets de la dictature et
quelques séances de tortures suffisaient à faire plier les quelques individus
opportunistes qui s’aventuraient dans le champ de l’opposition sous la
dictature Guelleh. D’après des sources
proches du dictateur, celui-ci disait même « j’ai un opposant et
quelques déçus ». Certains diront
qu’il parlait du feu Ahmed Dini, d’autre de Daher Ahmed Farah (DAF),
l’indomptable leader du MRD et porte-parole de l’USN. Mais toujours est-il que
ces deux hommes sont célèbres pour leur persévérance dans la lutte. Allahu
Rahmo Ahmed DINI est le père de l’indépendance djiboutienne, mais également le
père de la timide ouverture démocratique du pays.
DAF,
lui a donné plus de la moitié de son
existence à cette lutte démocratique, de
sa tendre enfance jusqu’aujourd’hui où il est le premier à subir les foudres de
la dictature. Effectivement, la dictature le cible particulièrement avec des
accusations des plus en plus loufoques, fallacieuses et hasardeuses au point
d’être ridicules. Mais, le ridicule est la marque de fabrique du régime Guelleh
encré dans le tribalisme et le clanisme à caractère « alimentaire ».
Si
le peuple djiboutien a tourné le dos au régime Guelleh et a voté massivement
pour l’opposition démocratique USN. L’engouement qui aurait pu basculer le destin du pays,
n’est pas encore visible dans les rangs de l’opposition.
Alors, la question que beaucoup des spécialistes de la
question djiboutienne se posent est le pourquoi de ce décalage ?
Si
le combat politique de l’USN et les
valeurs défendues sont plus qu’accueillies au sein de la communauté nationale
et très prises au sérieux par la communauté internationale, la gestion du
pouvoir de l’opposition est redoutée.
Le
doute n’est pas lié à la compétence de l’opposition à exercer le pouvoir au
contraire, la communauté nationale et internationale reconnaissent qu’il y a des talents et des vrais leaders
dans l’opposition à l’inverse de la bande des kléptomans au pouvoir.
Non, le problème de l’opposition est qu’elle manque de
structures organisationnelles pérennes au
niveau de la gestion et du partage du pouvoir.
La charte de l’USN avait cet objectif, mais au
lieu de rassurer, elle a soulevé des craintes. Il y a beaucoup des manquements
en matière des processus opérationnels. Mais, elle a le mérite d’exister et pourrait être améliorée à tout moment avec une
volonté politique qui a du mal à émerger au sein des différents leaders et
partis politiques. Il faudra pourtant traverser les ponts entre les partis si
l’opposition djiboutienne veut prendre et exercer le pouvoir afin de changer la
destinée du pays.
Contrairement
aux ragots du régime en place, les puissances étrangères présentes à Djibouti
n’ont pas des liens d’amitié avec le dictateur Guelleh, mais gardent
jalousement leurs intérêts au point d’apparaitre « amies avec la
dictature » aux yeux du peuple ce qui décourage un bon nombre de nos
concitoyens.
Il
faut reconnaitre que beaucoup des chancelleries occidentales comme le peuple
djiboutien d’ailleurs attendent d’avoir de la lisibilité au sein de
l’opposition.
Plus
personne n’attend une solution de sortie de crise venant du régime. Sans
décevoir les « optimistes » acharnés pour une solution négociée, le
régime n’a aucun intérêt à négocier. Et avant de penser à une solution
négociée, il faut créer un rapport de force qui serait favorable à l’opposition!
Le
régime djiboutien a déclaré plusieurs fois par la voix de son président, ou le
fantomatique premier ministre ou président du parlement, sa volonté de
décapiter l’opposition.
D’un
autre côté, le régime djiboutien semble rentré dans l’après « dictateur
iog » et les couteaux aiguisés sortent des placards dans une lutte interne
qui ne pressage rien de bon pour
l’avenir du pays. Et, dans cette lutte interne, où un des deux clans en
mauvaise posture essaie d’impliquer l’opposition dans cette sale guerre en
utilisant certains nombres des satellites placés dans les rangs de
l’opposition. Or, l’opposition doit se placer en dehors de ce combat à
caractère « alimentaire » que les deux clans du régime se livrent.
Elle doit incarner le rassemblement des familles ethniques, tribales et
sociales pour insuffler le changement démocratique que le pays a tant besoin.
Pour
l’instant l’opposition a bien réussi la première phase de sa « révolution »,
mais hésite à changer de rythme et à donner un second souffle.
On
a l’impression qu’elle reste engluée à la phase une, avec ses revendications et
les répressions du régime.
Jusqu’à
présent, l’opposition djiboutienne a démontré son sérieux et son implication,
mais peine à afficher sa crédibilité avec un processus, un programme et un plan
de sortie de crise.
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