Djibouti : 2016, élection à haut risque !
Djibouti traverse la
pire crise politique, sociale et économique depuis son accession à l’indépendance
en 1977. Pourtant, le pays a connu deux vagues de guerres civiles en 1992 et en 2001, mais jamais le rejet du pouvoir
en place n’a été de telle ampleur.
Depuis, la confiscation
des résultats des élections législatives en 2013, la contestation grandit jour
après jour point d’atteindre les cercles les plus proches du pouvoir. En
réponse, le pouvoir en place exerce une répression sans limite et des atteintes
graves aux droits humains. Cette répression touche de plus en plus des
personnes même des anciens collaborateurs du régime et des anciens ministres, jusqu’à là épargnés.
Tous les indicateurs
socio-économiques du pays sont en rouge :
-
L’économie totalement à l’arrêt.
-
La
corruption et le clientélisme à leur plus haut niveau.
-
L’administration
paralysée et en cours de désintégration suite aux licenciements abusifs ou
fuites des cerveaux après la chasse aux sorcières qu’a entrepris le pouvoir
face à l’opposition (USN).
-
Des
secteurs entiers de l’économie ou de l’administration, vitaux pour l’avenir du
pays sont à l’abandon comme l’éducation, la santé, la recherche,
l’entrepreneuriat, l’artisanat ou le sport.
-
L’ensemble
de l’économie du pays est transformé à une économique de rente. Plus aucun
secteur de l’économie n’échappe à la voracité du régime en place.
C’est dans ces
conditions qu’en 2016, le pouvoir en place souhaite prolonger le bail du
dictateur en place ou du moins le système en plaçant en orbite une ou un très
proche du dictateur actuel pour poursuivre son « œuvre ».
Ce plan du régime se heurte
à la réalité du terrain depuis près deux ans, le régime fait face à une
résistance héroïque d’un peuple pacifique, mais déterminé à changer la donne en
république de Djibouti. Le régime djiboutien avait considéré que la patience
des djiboutiens à son égards était synonyme de lâcheté ou de faiblesse en
soit ! Il vient d’avoir le prélude d’un message beaucoup plus profond traduisant
la profonde mutation de la société djiboutienne qui veut un changement
démocratique et veut l’avoir rapidement.
Ce peuple pacifique est
composé des jeunes regroupés au sein du MJO (Mouvement des Jeunes
d’Opposition), l’Union des Femmes USN et l’ensemble des partis d’opposition
regroupés au sein de l’USN. Même si tout le monde ne s’accorde pas la manière
ou l’urgence d’en finir avec le régime actuel, tout le monde est convaincu
qu’il faut un changement démocratique au pays.
Jusqu’à 2013, le régime faisait face à une
opposition atomisé et incapable de résister à sa pression. Les rapports de
force commencent à changer et placent l’opposition dans une position inédite,
jamais vu dans l’histoire du pays. Et, contrairement, aux illusions du régime
en place, les djiboutiens dans leur grande majorité cherchent le nom du
prochain président dans les rangs de l’opposition.
Un autre paramètre à
prendre en considération et pas le moindre, les djiboutiens et les
djiboutiennes n’ont plus peur de la répression du pouvoir en place. Si pendant
deux ans, ils ou elles ont démontré leur résistance à encaisser les coups et les mauvais traitements sans riposter, en
2016, ils peuvent passer à l’action et riposter.
Donc, si la communauté
internationale ne prend pas très au sérieux l’élection de 2016 et ne prend pas
toutes les mesures nécessaires pour que celle-ci se déroule sans l’ombre d’un
doute en faisant les pressions nécessaires sur le régime. Les djiboutiens ne se
contenteront pas des manifestations pacifiques et ne compterons pas leur morts
tranquillement. Par conséquent, l’issue de cette élection est capitale pour
l’avenir du pays.
En outre, le dictateur
Guelleh a concentré la majeur partie pour ne pas dire la totalité du pouvoir du
pays entre ses mains ce qui lie le destin du pays à celui du poste de
« président ». C’est ainsi que son remplaçant doit être une personne
capable d’assumer un destin hors du commun et d'avoir l’humilité et la sagesse
adéquate afin remettre le pays dans un état normal de fonctionnement.
Elle doit revitaliser les
institutions démantelées et détruites par 37 ans d’un pouvoir autocratique. Elle
doit être assez jeune pour comprendre la jeunesse et assez mure pour avoir la
sagesse et l’acuité mentale pour comprendre l’époque, le milieu dont nous
vivons. Elle doit avoir l’expérience des
épreuves d’avoir vécu dans sa chair pour comprendre les douleurs et avoir la
sagesse nécessaire pour pouvoir pardonner les auteurs ou supporter des
décisions difficiles.
Elle doit comprendre la
forte demande du changement du peuple djiboutien dont elle doit le précéder ou
du moins l’accompagner. Elle doit être profondément démocrate pour supporter
l’agitation des premières années de liberté des djiboutiens. Il faudra que
cette personne soit quelqu’un de très cultivé, vécu à l’extérieur de son pays
un certain temps pour comprendre le monde extérieur et ayant vécu suffisamment
dans le pays pour avoir le temps d’analyser la société, les maux et les remèdes
adéquates.
Un tel profile ne peut
provenir que de l’opposition ou au sein de la société civile (totalement
absente à Djibouti), aucun individu du régime actuel ne peut incarner un espoir
ou un renouveau de Djibouti et encore moins l’avènement d’une démocratie.
Ayant conscient de cet
état de fait, Guelleh veut atomiser l’opposition avant cet échéance. C’est
ainsi qu’il distille des messages à des agents au sein de l’USN pour miroiter des
postes, liesses d’argents ou des titres honorifiques à certains leaders de
l’USN qui se seraient vus Khalifs à la place du Khalif.
Mais, d’un autre côté,
comment l’USN peut-elle tomber dans le piège, gros comme une maison alors
qu’elle avait résisté jusqu’à présent aux tentatives de Guelleh ?
Pourquoi certains au
sein de l’USN sont plus enclins à signer des accords avec iog au risque de tout
perdre au lieu d’aller à la confrontation électorale en 2016 dont l’issue
serait largement plus favorable à l’opposition?
Pour comprendre les
raisons cachées de l’envie soudain d’USN d’entamer des négociations avec iog,
il faut regarder du côté de la maison USN.
Six mois après sa création, l’USN s’est embourbée dans une crise de
leadership, ceci l’a handicapé sur le plan extérieur, mais également sur le
plan intérieur. Depuis, il y a une avalanche des mauvaises décisions : nomination,
charte et structure mal définie qui l’empêchent vraiment d’évoluer dans une
structure démocratique. Pire, l’USN s’enferme dans ses erreurs et ouvre un
boulevard à ceux de l’extérieur ou de l’intérieur qui veulent la détruire.
Si iog a tout intérêt des
négociations avant la confrontation de 2016.
C’est l’USN qui est
demandeuse et pire qui se met dans une position de faiblesse, en étant la seule
à parler des négociations. Cette attitude ne lui laisse aucune marge de manœuvre
et l’oblige à faire plus des concessions que la partie adverse.
Alors, pourquoi telle
précipitation, s’agit-il une opportunité ou une ouverture sans précédente du
régime ?
Après des indiscrétions qu’on
a obtenues de la part du régime,
celui-ci n’a pas changé d’iota sur ses positions, surtout le point capital :
le nombre sièges de l’assemblée générale.
En lot de consolation,
USN a obtenu des promesses sur des réformes démocratiques, mais les promesses n’engagent
que ceux qui y croient !
Alors, pourquoi ce reniement
qui décrédibiliserait l’USN et ses composantes ?
Pourquoi, il y a eu tant
de sacrifices et de résistances pour arriver à ce résultat ?
Le problème est que le
haut conseil de l’USN, l’organe de décision se défausse sur ces négociations
pour échapper au vrai débat interne sur son mode de fonctionnement et surtout son
manque des structures et des processus démocratiques.
L’usn qui crie à tort et
à travers son attachement à la démocratie, serait-elle incapable à choisir ses représentants
ou le leader par voie démocratique?
Dans la charte USN, le
haut conseil doit désigner le candidat à l’élection présidentielle !
A l’image de la
dictature, le haut conseil contourne les règles de fonctionnement démocratiques,
en inventant (instaurant) la démocratie uniquement à son au sein ! Exit le
peuple !
Comment le haut conseil,
une institution mal définie dont on a mal à cerner les membres et dont
fourmillent les agents du régime, prend toutes les décisions importantes voire
vitales pour l’USN ?
Comme à l’UMP, le peuple
djiboutien suit de loin l’évolution ou là plus exactement le virage dangereux de
l’USN.
Les décisions se
prennent dans un cercle restreint faussement démocratique pour donner une
illusion démocratique à la masse populaire.
Mais, l’inverse de l’UMP
(l’instrument de la dictature) totalement sclérosé et incapable d’évoluer, l’USN
peut encore changer de voie et reprendre la main !
Quelques options sont
encore à la portée de l’USN pour reprendre sa position dominante et remettre
Guelleh dans l’impasse !
1)
S’engager
réellement dans la voie de la démocratie, en changeant les articles anti-démocratiques :
instaurer un processus d’élection primaire pour choisir le candidat à l’élection
de 2016.
2)
Ne pas
signer un accord sur le partage des sièges, là deux options se présentent :
o
Soit il
faut proposer une fusion de deux assemblées, ce qui pourrait amener une
assemblée de 120 à 130 députés. Ceci est une solution intermédiaire, si les
deux parties sont sincères pour la négociation car il n’y aurait ni de gagnant,
ni de perdant ! Il s’agit une solution temporaire jusqu’à l’élection
présidentielle et le président élu dissoudra l’assemblée pour qu’elle retrouve
sa taille normale.
o
Soit
sortir cette question de la négociation en gardant chacun ses positions et se
donner rdv à l’élection présidentielle pour en découdre devant le seul juge en
démocratie, le peuple.
3)
Remettre le peuple au cœur de ses décisions et
fonctionner qu’en mode démocratie pour son fonctionnement interne et externe.
Un an et demi d’une
confrontation majeure, toute négociation avec le régime Guelleh constitue un
piège mortel pour l’opposition. L’opposition est de nouveau face un destin
incertain. Elle risque de perdre des plumes (valeurs et supporteurs) ou d’être
détruite.
Si l’alternance
politique est plus jamais possible à Djibouti, la stratégie actuelle de l’USN risque
de réduire ses chances et plonger le pays dans un désastre sans nom !
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