jeudi 20 mars 2014

Djibouti : Quel Bilan de l’an I de la contestation ?


Un an de contestation est en soit une révolution au pays des matins calmes et des après-midis déserts. L’anomalie est même poussée à l’extrême pour parler de contestation à « Gellehland » où le maitre des lieux avait pour habitude de tuer dans l’œuf toutes revendications sociales ou politiques et châtier de manière extrême toute opposition à sa gestion de sa chose (Djibouti).

Sans verser dans l’angélisme et la croyance naïve en un changement démocratique rapide à Djibouti, essayons d’établir un bilan honnête de l’an I de la « révolution djiboutienne ».

Sur le plan du rapport de force, le dictateur peut encore compter sur une force répressive (police et gendarmerie) qui est voué corps et âme à son nourrisseur le maitre Guelleh.
Il peut également compter sur une justice aux ordres.
Par contre, sur le plan diplomatique, Guelleh a perdu toute crédibilité à l’intérieur du pays comme à l’extérieur, ses mensonges sont rejetés. Chacune de ses interventions consolident la coalition de l’opposition et amène son cortège de nouveaux opposants.

Un an après, les prisons sont remplies des valeureux citoyens alors que les bandits se promènent dans les rues. La déchéance de nationalité est le sport favori du dictateur. L’administration est totalement fantomatique et les conflits entre les princes atteignent  des sommets.

Les sources de financement qui nourrissaient la dictature, commencent à se tarir et  le coup de semonce donner par l’Union européenne avec le conditionnement de son aide à l’avancée des négociations entre l’état et l’opposition est un coup dur porté au régime.

La capitulation de l’opposition n’a été obtenue malgré les efforts soutenus de ses infiltrés.

Du côté de l’opposition, le bilan n’est pas flatteur non plus. Après avoir soulevé des espoirs sans égales, le décalage entre le changement voulu par la rue et celle  du « haut conseil de l’USN » (une armée mexicaine dont les idéaux se sont perdus dans la masse) est gigantesque.

Comme la révolution ratée en Iran, les discours et les actions de certains leaders commencent à démobiliser les jeunes et la diaspora, pourtant les fers de lance de la mobilisation.
A Djibouti, comme en Iran, l’opposition n’a pas réussi à faire la jonction entre les revendications sociales et politiques.

Du côté des valeurs, l’opposition djiboutienne a perdu beaucoup avec des nominations et une charte totalement en décalage des aspirations du peuple.
Comme en Iran, les leaders djiboutiens ne veulent pas changer de système mais voudraient un changement dans le système, plus difficile à obtenir dans un pays unicellulaire dans lequel  un homme décide de tout.

Pour les points positifs à noter dans l’opposition : une unité gardée au prix du minima, une jeunesse qui retrouve le goût de la lutte, une diaspora qui s’est réveillée et consciente de son potentiel.

Alors où en est l’espoir du changement démocratique qui a enchanté la rue djiboutienne un jour du 23 février 2013 ?

Comme disait le grand historien Thucydide « Tout Homme va toujours au bout de son pouvoir », Guelleh ira au bout de son pouvoir. Et, on peut lui faire confiance qu’aucune démocratie ne sera visible de son vivant.  Guelleh n’a jamais voulu et ne voudra jamais de son vivant d’un système démocratique et juste. Guelleh combat la justice et la liberté et ne peut pas concevoir un système démocratique  car ceci  va l’encontre ses principes les plus élémentaires. Son équation est simple, lui et ses proches doivent vivre sur les dos des autres.

Au niveau de l’opposition, les valeurs démocratiques ont disparus petit à petit face aux chantages du dictateur et de ses soldats infiltrés qui ont poussé des accords au minima excluant toutes références à des valeurs démocratiques.

La jeunesse entre la répression de la dictature et les discours insipides de certains leaders (dont certains commencent à diffuser des messages de soutien au dictateur avec des propos totalement incohérents : « qu’ils ne veulent pas un changement démocratique dans l’immédiat » ou « d’autres qui  excluent un changement démocratique en 2016 »), commence à quitter le bateau USN petit à petit.

La diaspora a résisté aux attaques du régime et de ses sbires, et avait mis à nu l’image de la dictature à l’extérieur, malheureusement elle a été atteinte et désorganisée par un coup magistral venant directement du cœur de l’USN. Depuis, les coquilles vident qui s’auto-désignent à vie pullulent  au sein de la diaspora, même si la France est la plus touchée. Un virus appelé « tribalisme » fait le reste au point que certains évitent leurs amis qui partagent leurs valeurs au profit de gens que tout leur oppose.

Il apparait que ni le régime ni l’opposition USN ne soient capables de faire leur bilan et corriger leurs erreurs.
Le peuple djiboutien et surtout la jeunesse djiboutienne semblent être pris au piège.

La question reste entière, révolution ou pas ?

Mais aucune évolution n’est à espérer au royaume de Guelleh et de ses captifs mercantiles au service de l’injustice et de la répression sans borne.



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