Un an de contestation est en soit une révolution au pays des matins calmes et des après-midis déserts. L’anomalie est
même poussée à l’extrême pour parler de contestation à « Gellehland » où le maitre des
lieux avait pour habitude de tuer dans l’œuf toutes revendications sociales ou
politiques et châtier de manière extrême toute opposition à sa gestion de sa
chose (Djibouti).
Sans verser dans l’angélisme et la croyance naïve en
un changement démocratique rapide à Djibouti, essayons d’établir un bilan
honnête de l’an I de la « révolution
djiboutienne ».
Sur le plan du rapport de force, le dictateur peut
encore compter sur une force répressive (police et gendarmerie) qui est voué
corps et âme à son nourrisseur le maitre Guelleh.
Il peut également compter sur une justice aux ordres.
Par contre, sur le plan diplomatique, Guelleh a perdu
toute crédibilité à l’intérieur du pays comme à l’extérieur, ses mensonges sont
rejetés. Chacune de ses interventions consolident la coalition de l’opposition
et amène son cortège de nouveaux opposants.
Un an après, les prisons sont remplies des valeureux
citoyens alors que les bandits se promènent dans les rues. La déchéance de
nationalité est le sport favori du dictateur. L’administration est totalement
fantomatique et les conflits entre les princes atteignent des sommets.
Les sources de financement qui nourrissaient la
dictature, commencent à se tarir et le coup de semonce donner par l’Union
européenne avec le conditionnement de son aide à l’avancée des négociations
entre l’état et l’opposition est un coup dur porté au régime.
La capitulation de l’opposition n’a été obtenue malgré
les efforts soutenus de ses infiltrés.
Du côté de l’opposition, le bilan n’est pas flatteur
non plus. Après avoir soulevé des espoirs sans égales, le décalage entre le
changement voulu par la rue et celle du « haut conseil de
l’USN » (une armée mexicaine dont les idéaux se sont perdus dans la masse)
est gigantesque.
Comme la révolution ratée en Iran, les discours et les
actions de certains leaders commencent à démobiliser les jeunes et la diaspora, pourtant les fers de lance de la mobilisation.
A Djibouti, comme en Iran, l’opposition n’a pas réussi
à faire la jonction entre les revendications sociales et politiques.
Du côté des valeurs, l’opposition djiboutienne a perdu
beaucoup avec des nominations et une charte totalement en décalage des
aspirations du peuple.
Comme en Iran, les leaders djiboutiens ne veulent pas
changer de système mais voudraient un changement dans le système, plus
difficile à obtenir dans un pays unicellulaire dans lequel un homme
décide de tout.
Pour les points positifs à noter dans l’opposition :
une unité gardée au prix du minima, une jeunesse qui retrouve le goût de la
lutte, une diaspora qui s’est réveillée et consciente de son potentiel.
Alors
où en est l’espoir du changement démocratique qui a enchanté la rue
djiboutienne un jour du 23 février 2013 ?
Comme disait le grand historien Thucydide « Tout
Homme va toujours au bout de son pouvoir », Guelleh ira au bout de son
pouvoir. Et, on peut lui faire confiance qu’aucune démocratie ne sera visible
de son vivant. Guelleh n’a jamais voulu
et ne voudra jamais de son vivant d’un système démocratique et juste. Guelleh
combat la justice et la liberté et ne peut pas concevoir un système
démocratique car ceci va l’encontre
ses principes les plus élémentaires. Son équation est simple, lui et ses
proches doivent vivre sur les dos des autres.
Au niveau de l’opposition, les valeurs démocratiques
ont disparus petit à petit face aux chantages du dictateur et de ses soldats
infiltrés qui ont poussé des accords au minima excluant toutes références à des
valeurs démocratiques.
La jeunesse entre la répression de la dictature et les
discours insipides de certains leaders (dont certains commencent à diffuser des
messages de soutien au dictateur avec des propos totalement incohérents :
« qu’ils ne veulent pas un changement démocratique dans l’immédiat »
ou « d’autres qui excluent un changement démocratique en
2016 »), commence à quitter le bateau USN petit à petit.
La diaspora a résisté aux attaques du régime et de ses
sbires, et avait mis à nu l’image de la dictature à l’extérieur,
malheureusement elle a été atteinte et désorganisée par un coup magistral
venant directement du cœur de l’USN. Depuis, les coquilles vident qui
s’auto-désignent à vie pullulent au sein de la diaspora, même si la
France est la plus touchée. Un virus appelé « tribalisme » fait le
reste au point que certains évitent leurs amis qui partagent leurs valeurs au
profit de gens que tout leur oppose.
Il apparait que ni le régime ni l’opposition USN ne soient capables de faire leur
bilan et corriger leurs erreurs.
Le peuple djiboutien et surtout la jeunesse
djiboutienne semblent être pris au piège.
La
question reste entière, révolution ou pas ?
Mais aucune
évolution n’est à espérer au royaume
de Guelleh et de ses captifs mercantiles au service de l’injustice et de la
répression sans borne.
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